Présentation de l’essai

Couverture génération europe Rayan Nezzar

En 2014, plus de trois jeunes Français sur quatre n’ont pas voté aux élections européennes. Des choix décisifs pour l’avenir, de la transition écologique à la révolution numérique en passant par l’intégration des réfugiés, sont déterminés sans que la jeunesse n’ait dit sa part de volonté générale. Comment l’admettre ?

Rayan Nezzar appartient à cette génération qui se sent européenne mais qui participe peu aux élections parce qu’elle vit l’Europe comme une évidence. Cette évidence est une illusion. Secouée par les crises, atteinte par le Brexit, l’Europe est redevenue mortelle. Populistes et europhobes regardent avec envie les élections de mai 2019, qu’ils envisagent comme une nouvelle étape dans la déconstruction européenne.

Dans ce livre qui mêle témoignages et propositions, Rayan Nezzar explore cinq dimensions de notre appartenance commune. Notre culture et notre monnaie, notre conception du social et de la démocratie, les valeurs que nous portons dans le monde déroulent un invisible fil d’Ariane qui nous lie en tant qu’Européens. C’est en renouant ce fil que nous pourrons poursuivre cette aventure collective inédite qu’est la construction européenne.

 

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Entretien sur Génération Europe avec Loic Barrière

 

  





L’invité de PLURIEL le lundi 7 janvier 2019 était Rayan Nezzar, membre de la République en Marche, auteur de “Génération Europe”, Michalon. 

source : https://www.radioorient.com/podcasts/rayan-nezzar-etait-l-invite-de-pluriel-23187



Dans un entretien sur Radio Orient, Rayan Nezzar revient sur son livre Génération Europe publié aux éditions Michalon, ainsi que sur les enjeux politiques de l’année à venir avec notamment les élections européennes de mai 2019.


En voici quelques extraits :


« Au-delà d’une minorité violente, ce qu’exprime fondamentalement le mouvement social des Gilets jaunes est une révolte des classes moyennes : la même que celle qui a conduit au vote du Brexit ou à l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et qui fragilise tant de démocraties libérales en Europe et même au Brésil. Cette révolte, il faut d’abord la comprendre pour répondre aux demandes de cohésion sociale, de justice et de protection qu’elle exprime. Une part de ces réponses sera de nature nationale – le Président a annoncé des mesures sur la fiscalité ou les retraités – et une autre part appelle une action européenne comme sur l’évasion fiscale ou le changement climatique. »


« S’il y a aujourd’hui une défiance ou un rejet de l’Europe, c’est parce que 2 Européens sur 3 considèrent que leur voix ne compte pas. Aux dernières élections européennes en 2014, l’abstention s’est élevée en France à 57 %. Parmi les jeunes, 3 sur 4 n’ont pas voté. Il nous faut d’abord reconnaître que l’Europe a été construite en quelque sorte à part des peuples parce qu’elle était d’abord un projet économique. Mais aujourd’hui, l’Europe sociale reste balbutiante et les peuples ne se sentent pas écoutés. Nous devons donc mettre l’Europe à portée d’engueulade et montrer à nos concitoyens qu’elle est bien présente dans leur quotidien et que les décisions prises à Bruxelles ou à Strasbourg les concernent. »

« J’ai été rencontrer à Londres des jeunes qui subissent le Brexit et qui ont eu des mots forts : « on va nous voler la citoyenneté européenne ». Je suis convaincu que nous devons tirer toutes les leçons du Brexit : demain, notre génération devra prendre ses responsabilités et s’engager pour que l’Europe ressemble à nos aspirations. Ce livre est un cri d’alarme : notre Europe dysfonctionne à bien des égards mais nous ne voulons pas être la génération qui prononce son éloge funèbre. L’élection d’Emmanuel Macron a déjà changé la donne en Europe et a remporté certaines batailles mais il faudra, en 2019, lui donner une impulsion nouvelle. »

« J’évoque dans ce livre la question de l’euro, qui vient de fêter ses 20 ans. S’il y a une inefficacité relative de l’euro, c’est parce que sa création n’a pas été accompagnée d’institutions et d’un contrôle parlementaire pour la réguler. Or une monnaie unique comme l’euro requiert des compromis pour fonctionner. Mais l’honnêteté doit aussi nous conduire à reconnaître que l’euro nous rend plus souverains face aux grandes monnaies internationales : un tiers des échanges dans le monde se font aujourd’hui en euro. La France emprunte sur les marchés financiers à des taux historiquement bas, la hausse des prix est moins élevée aujourd’hui qu’avant l’euro. L’euro nous protège mais pour qu’il soit juste, les décisions concernant notre monnaie doivent être prises dans un cadre démocratique, avec des débats parlementaires qui aujourd’hui n’existent pas. C’est là toute l’ambigüité de l’euro dont il nous faut sortir. »

« Il est une citation que l’on attribue à tort à Jean Monnet mais qui dit beaucoup : « si c’était à refaire, je commencerais par la culture ». C’est que la génération de nos Pères fondateurs a d’abord pensé l’Europe comme un projet économique visant à rendre la guerre impossible. Ce pari a réussi : depuis 70 ans, nous vivons une parenthèse de notre histoire. Mais l’Europe a aussi une culture, qui préexiste à la construction européenne. Songeons au roman, qui est un genre littéraire né en Europe et qui s’est diffusé au XIXème siècle. Songeons à la libre circulation, qui est aujourd’hui possible mais qui n’a pas profité à tous : chaque année 10 % des étudiants font un échange universitaire et Erasmus est une belle réussite. Nous devrons demain l’élargir pour œuvrer au rapprochement entre les peuples et pour que les prochaines générations éprouvent une identité nationale et une identité européenne. »

« J’invite celles et ceux qui veulent sortir de l’Europe à regarder ce qui se déroule aujourd’hui au Royaume-Uni avec le Brexit : Theresa May devra négocier en face-à-face des accords commerciaux avec Xi Jinping, Donald Trump ou Vladimir Poutine. Pensez-vous qu’elle aura plus de poids pour négocier seule plutôt qu’avec l’Union européenne à 28 ? Pensez-vous que le Royaume-Uni sera mieux protégé ou plus influent le jour où il quittera des accords de coopération en matière militaire ou policière ? Je ne le crois pas. »

« Il nous faut aussi reconnaître que des générations de dirigeants européens n’ont pas entendu l’aspiration des peuples à une Europe plus sociale. Ce qui est triste pour les Britanniques, c’est que l’une des motivations du Brexit, dans beaucoup de villes désindustrialisés du nord de l’Angleterre, était la critique du dumping social entre travailleurs détachés et travailleurs nationaux. Or nous avons révisé la directive sur le travail détaché, justement pour éviter cette concurrence et parce que c’était un engagement d’Emmanuel Macron. Mais nous l’avons révisée trop tard, en 2018, alors que le Brexit était déjà passé. Demain, nous devrons donc aller beaucoup plus loin sur l’Europe de la formation, sur la convergence vers le haut des salaires minima pour éviter les prochains Brexit. »

« Sur la formation, l’Europe doit affirmer un droit universel à la formation professionnelle. Aujourd’hui, seulement 3 % des Hongrois et des Grecs se forment chaque année, contre 31 % des Danois : c’est un gouffre. Ensuite, l’Europe doit aider à financer ces formations grâce aux recettes que nous aurons récupérées sur l’évasion fiscale. Car les Européens ne pourront pas affronter la révolution numérique et la mondialisation si nous ne réalisons pas ces investissements communs. C’est ce qui nous permettra de ne plus subir les changements technologiques ou économiques et de reprendre en main notre destin. »

« L’un des objectifs de ce livre est aussi d’inciter les jeunes Européens à aller voter le 26 mai prochain, qu’il s’agisse des jeunes Français ou des citoyens communautaires qui vivent en France, notamment les étudiants, et qui ont le droit de vote aux européennes. Mon message est simple : saisissez-vous du bulletin de vote pour donner une voix à vos revendications. 2019 est une chance unique pour notre génération. »

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Nous sommes la génération Europe

Couverture génération europe Rayan Nezzar

Nous sommes nés en 1990, un an après la chute du Mur. A un moment où le continent se réunifiait et où l’Union européenne remplaçait la Communauté. Signe de son ambition décuplée, elle lançait les chantiers de l’euro et du tunnel sous la Manche, préparait son élargissement à l’Est et affichait enfin son unité. A l’aube d’un nouveau monde qui verrait triompher son modèle de démocratie libérale, l’Europe se pensait alors immortelle. Mais cette croyance était une illusion.

Nous sommes la génération qui n’a connu l’Europe que voguant, sans cap, de crise politique en 2005, en crise économique en 2008 et 2010, puis en crise migratoire en 2015. Nous avons grandi dans cette Europe, nous en partageons les valeurs et la culture. Mais ce dont nous doutons, c’est que l’Europe puisse sortir de l’enlisement auquel nous nous sommes collectivement habitués. Chaque fois, elle semble puiser comme juste assez de ressources pour se maintenir à flot, ajustant à la marge et à la hâte des institutions fatiguées, réveillant des politiques communes que l’on pensait épuisées. Mais jamais n’esquisse-t-elle ce grand dessein qui avait animé ses Pères fondateurs. Nous lisons leurs mémoires avec une jalousie inquiète, tant notre présent semble trahir leur passé.

Lasse de s’impatienter, notre génération s’indiffère. Dans les entreprises, ils nous surnomment la génération Y (« Why ? ») parce que nous cherchons toujours un sens et une utilité à nos actions. En politique, si l’enjeu nous paraît illisible, si les propositions nous paraissent insuffisantes, nous préférons nous abstenir. Ainsi, trois jeunes Français sur quatre n’ont pas voté lors des dernières élections européennes en 2014. Des choix décisifs pour notre avenir – sur le climat et sur la dette, sur la guerre et sur la paix – sont déterminés sans que nous n’ayons dit notre part de volonté générale. En silence, une faille s’élargit entre la jeunesse et ses dirigeants, parce que notre expérience et notre vision du monde sont différentes.

Pourtant, nous ne manquons ni d’idées ni d’ambition pour notre Europe. Mais nous la voudrions plus en phase avec les aspirations et les défis de notre siècle. Nous la voudrions plus exemplaire pour la protection du climat, parce que nous ne voulons pas vivre sur une planète défigurée et en proie à une instabilité généralisée. Nous la voudrions plus sociale, parce que nous savons ce que la concurrence de tous contre tous produit comme précarité et pas seulement sur le marché de l’emploi. Nous la voudrions plus démocratique, parce que nous souhaitons faire entendre nos voix et prévaloir nos préférences face à celles des lobbies ou des multinationales. Nous la voudrions plus autonome, parce que nous savons que personne d’autre ne viendra protéger nos frontières ou nos intérêts face aux puissances-continents du XXIème siècle.

Nous avons conscience d’être les héritiers d’une longue histoire faite de querelles et de conflits entre nos peuples. Depuis 70 ans, nous ne vivons qu’une parenthèse. Ce legs, nous entendons bien le préserver précieusement. Mais cela ne suffira pas. Car une part de notre génération exprime aussi une révolte sourde, parce qu’elle juge que l’Europe, la mondialisation, profitent toujours aux mêmes. Certains d’entre nous enfilent un gilet jaune, d’autres tweetent anonymement. Mais cette colère peut être une chance : elle est le signe d’une jeunesse en vie, tempétueuse, et qui ne demande qu’à prendre sa part de responsabilité.

C’est pourquoi j’ai voulu écrire ce livre, « Génération Europe ». Pour donner voix à tous ces témoignages, pour donner corps à toutes ces rencontres faites depuis que je me suis engagé en politique. Ils disent quelque chose de l’état de nos sociétés, ballotées entre espoir de changement et résignation. C’est précisément à ce moment, un moment où l’Europe est redevenue mortelle et l’histoire tragique, qu’il convient de tracer à nouveau un chemin. Non un catalogue de propositions, mais une vision de ce que nous voudrions pour notre avenir.

En 2019, notre génération a rendez-vous avec l’Europe. Nous sommes la jeunesse la plus nombreuse, la plus éduquée et la plus diverse de notre histoire. Nous avons assisté au Brexit et à l’élection de Trump et nous ne voulons plus subir. Nous voulons prendre en main notre destin, écrire le prochain chapitre. C’est notre moment.

Nous sommes l’Europe de demain.

Rayan Nezzar

Professeur d’économie à Paris-Dauphine, auteur de Génération Europe (Michalon, 2019)

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Soirée dédicace 8 janvier


Rayan Nezzar inaugure les dédicaces de Génération Europe

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